Ăa y est. Pour la premiĂšre fois depuis…la crise de 1991, les observateurs sont unanimes sur la probabilitĂ© que le prix des logements baisse cette annĂ©e. En particulier les institutions de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre, la FNAIM, les grands rĂ©seaux de franchise, les notaires, se sont exprimĂ©s ces derniĂšres semaines clairement, prĂ©voyant une correction de 5% Ă 15% selon les marchĂ©s et leurs tensions. On notera juste, par honnĂȘtetĂ©, que Century 21 exclut ce mouvement pour Paris intra muros, se fondant sur le considĂ©rable dĂ©sĂ©quilibre entre l’offre et la demande dans la capitale, au dĂ©triment des candidats acquĂ©reurs.
Cette prĂ©diction, que je respecte, est assez isolĂ©e, et elle ne remet pas en cause l’analyse gĂ©nĂ©rale. Je voudrais dans ces circonstances, assez nouvelles et exceptionnelles, m’attarder sur le discours des professionnels immobiliers et son rapport Ă la baisse des prix. Deux questions me prĂ©occupent : les agents immobiliers ont-ils du mal Ă parler de baisse ? Et leur discours a-t-il une influence sur l’Ă©volution des prix ? Sur le premier sujet, on a beaucoup dit que les agents immobiliers Ă©taient l’une des causes de l’augmentation des prix, favorisant leur montĂ©e pour favoriser le niveau de leurs honoraires. En effet, chacun sait que les commissions de transaction sont proportionnelles au prix, et que globalement, plus une transaction est Ă©levĂ©e, plus les Ă©moluments qui y sont attachĂ©s seront consĂ©quents. En fait, ceux qui disent cela se trompent : l’intĂ©rĂȘt de l’agent n’est pas de vendre au prix le plus haut sans considĂ©ration du temps, mais d’Ă©quilibrer l’Ă©quation entre prix optimisĂ© et rapiditĂ© de vente. L’agent immobilier est un acteur du flux, et le stock, sur lequel il ne perçoit aucune rĂ©tribution et qui risque d’ĂȘtre sanctionnĂ© par la perte du mandat, est pour lui un flĂ©au. Ils se trompent sur un autre point : les nĂ©gociations d’honoraires ne sont jamais aussi sĂ©vĂšres que quand les prix sont Ă©levĂ©s. On comprend bien pourquoi : le prix s’entend « frais d’agence inclus », et c’est le total que regardent vendeur et acquĂ©reur. Ils se trompent enfin parce qu’ils nĂ©gligent que les honoraires sont dĂ©gressifs et que lorsqu’un prix augmente de 5 % ou 10 %, la tranche de commission pertinente conduit Ă un pourcentage d’honoraires plus bas.
En clair, l’agent immobilier n’est pas un acteur des augmentations. A l’inverse, il a un effet modĂ©rateur…relatif : il travaille sur fond de valeurs de marchĂ©, et ne peut aller contre le marchĂ© en s’essayant Ă le faire beaucoup baisser… les fondamentaux lui seraient vite rappelĂ©s par les vendeurs, et on ne lui confierait bien vite plus de mandats! A ce stade de la rĂ©flexion, il est d’ailleurs intĂ©ressant de noter que c’est sur une large partie du marchĂ© de la transaction que les agents immobiliers exercent ce rĂŽle modĂ©rateur: les plus rĂ©centes statistiques de taux de pĂ©nĂ©tration, Ă©manant de l’exploitation de l’enquĂȘte logement(rĂ©sidences principales) de l’INSEE, nous crĂ©ditent d’un 60 % minimum qui rompt avec les chiffres couramment avancĂ©s… On parle depuis des annĂ©es dâĂ peine 50 %, de toute Ă©vidence Ă tort.
AUTEUR
Jean-François Buet
PrĂ©sident – Buet Immobilier