DĂ©ni de crise

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L’immobilier d’entreprise n’est pas dans une forme olympique. Ventes forcĂ©es mais pas avouĂ©es, opacitĂ© assumĂ©e sur les prix, asthĂ©nie de la demande des utilisateurs : tous les Ă©lĂ©ments d’une mauvaise sĂ©rie B semblent ĂȘtre rĂ©unis pour prĂ©parer le remake de l’étĂ© 2008. Sans vouloir jouer les Cassandre ni appeler aux loups, la scĂšne immobiliĂšre française ne serait-elle pas en train de basculer tout doucement dans un dĂ©ni de crise, saison 2 ?

DĂ©ni de langage tout d’abord. Qu’on se le dise : la France se proclame territoire protĂ©gĂ©, Ă  l’abri des ventes forcĂ©es qui ne semblent pas Ă©mouvoir outre-mesure nos voisins anglo-saxons ou espagnols. C’est en tout cas le message que veulent faire passer une poignĂ©e d’investisseurs qui rĂ©cusent avec entĂȘtement la sĂ©mantique.

DĂ©ni des prix ensuite. Car, c’est le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment constitutif du dĂ©ni de crise, l’opacitĂ© des valeurs a envahi presque toute la sphĂšre de l’immobilier tertiaire. ErigĂ© en principe, le loyer facial – lorsqu’il est rĂ©vĂ©lĂ© – occupe dĂ©sormais tout le champ de la transaction locative. Sans rĂ©fĂ©rence aucune Ă  quelque Ă©lĂ©ment de nĂ©gociation. Quant Ă  la vĂ©ritĂ© des prix, elle est laissĂ©e Ă  la discrĂ©tion des acquĂ©reurs souvent trĂšs secrets, exception faite des SCPI et OPCI.

DĂ©ni des chiffres enfin : la chute de 18 % du take-up au 1er semestre 2012, si elle est justement comptabilisĂ©e, n’est pas vraiment perçue comme un signal. Ce qui nous attend pour 2013 avec une baisse trĂšs nette des demandes exprimĂ©es par les entreprises.

Un signe d’espoir tout de mĂȘme dans ce tableau : l’appĂ©tit non dissimulĂ© des fonds souverains pour la scĂšne hexagonale. AprĂšs avoir longtemps prĂ©fĂ©rĂ© Londres Ă  Paris, les fonds qataris, norvĂ©giens et autres considĂšrent dĂ©sormais la France comme une terre d’investissement Ă  part entiĂšre. Encourageant mais pas suffisant pour un happy end


Sandra ROUMI – Businessimmo

Bureaux : La demande dégonflée

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Le marchĂ© des bureaux ne passe pas totalement au travers des gouttes de la crise. Les statistiques d’Immostat sur le secteur locatif parisien en attestent. La demande placĂ©e du 2e trimestre 2012 recule de 22 % par rapport au mĂȘme trimestre 2011. Avec 429 000 m2 placĂ©s, la place francilienne signe son plus mauvais score depuis
 le 3e trimestre 2009, creux de la crise post-Lehman Brothers. Sur le premier semestre, le marchĂ© encaisse une chute de 18 % du volume de transactions comparĂ© au premier semestre 2011. C’est plus de 215 000 m2 qu’il manque dans les flux de transactions. Autre angle de vue : sur les six mois premiers mois de l’annĂ©e, l’activitĂ© du marchĂ© passe sous la moyenne dĂ©cennale (1,1 million de m2) et sous le seuil symbolique du million de m2 placĂ©. BNP Paribas Real Estate n’hĂ©site pas Ă  parler de « tournant » dans le marchĂ© des bureaux en Île-de-France.

Ce « tournant » s’explique par une conjugaison de facteurs nĂ©gatifs. Macro-Ă©conomiques avant tout, avec une croissance en berne au niveau de la zone Euro et proche du niveau zĂ©ro en France, qui commence dĂ©jĂ  Ă  se traduire par un retour des destructions d’emplois tertiaires en Ile-de-France. Politiques ensuite, oĂč l’interminable campagne pour les Ă©lections prĂ©sidentielle et lĂ©gislative a accentuĂ© l’inĂ©vitable attentisme propre Ă  ces pĂ©riodes. Ajoutons-y un effet calendaire peu avantageux, notamment avec un mois de mai truffĂ© de jours fĂ©riĂ©s et autres ponts, et tous les ingrĂ©dients sont rĂ©unis pour expliquer le coup de frein du marchĂ©.

Gros coup de frein mĂȘme sur le segment des grandes transactions, d’ordinaire le booster du marchĂ© locatif francilien. Le 2e trimestre accuse une chute de 40 % du nombre de transactions de plus de 5 000 m2, avec 10 transactions recensĂ©es contre 17 au trimestre prĂ©cĂ©dent. Aucun deal de plus de 20 000 m2 ne s’est concrĂ©tisĂ© sur les trois derniers mois. En volume, l’activitĂ© du segment des grandes transactions a tout simplement Ă©tĂ© divisĂ©e par deux !

Peut-on alors espĂ©rer un formidable coup d’accĂ©lĂ©rateur Ă  la rentrĂ©e ? Peu d’espoir si l’on en croit le baromĂštre de la demande exprimĂ©e de Cushman & Wakefield. Le conseil a recensĂ© 92 demandes de plus de 4 000 m2 pour prĂšs de 1,3 million de m2, en recul de
 25 %. Bonjour tristesse !

Auteur :
GaĂ«l THOMAS – Businessimmo

La Cour des Comptes Ă©pingle la politique du logement dans son audit

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La Cour des Comptes appelle Ă  une « rĂ©novation de l’action publique » dans la politique du logement dans son audit sur la « situation et les perspectives des finances publiques 2012 » dĂ©voilĂ© ce matin. « La fiscalitĂ© sur le logement constitue, par sa manne financiĂšre (55,3 Mds€ de prĂ©lĂšvements en 2010), un important levier d’action de l’Etat sur le marchĂ© immobilier. (
) Des Ă©volutions rĂ©glementaires pourraient permettre de mieux satisfaire les besoins en logement sans faire appel aux finances publiques », indique la Cour dans son rapport, pointant du doigt notamment le systĂšme d’imposition des plus-values qui encourage Ă  la rĂ©tention. La Cour estime Ă©galement que la rĂ©glementation des loyers joue un rĂŽle « trĂšs important » et demande d’examiner « de maniĂšre approfondie » le dispositif allemand de contrĂŽle des loyers par le juge.
Sur le constat, la Cour des Comptes reste fidĂšle Ă  sa ligne, pointant une dĂ©rive des dĂ©penses fiscales associĂ©es au logement ont augmentĂ© de 49% entre 2007 et 2011 et reprĂ©sente, avec 13 Mds€, plus du double des crĂ©dits budgĂ©taires. Parmi les dĂ©penses fiscales les plus onĂ©reuses, la Cour des Comptes pointe la TVA Ă  taux rĂ©duit destinĂ©e Ă  financer les travaux dans les logements achevĂ©s depuis plus de deux ans qui a coĂ»tĂ© 5,2 Mds€ en 2011 sans que le dispositif n’ait fait l’objet d’une « rĂ©elle » Ă©valuation depuis 2002.
Le rapport dresse le mĂȘme diagnostic sur le dispositif Scellier de soutien Ă  l’investissement privĂ© locatif qui a mobilisĂ© 1,1 Md€ en 2011. La Cour persiste dans sa critique en soulignant qu’il n’existe « aucune information, au plan national, sur le volume et la localisation des rĂ©alisations correspondant Ă  des investissements locatifs privĂ©s financĂ©s grĂące aux dĂ©penses fiscales, ni a fortiori sur leur occupation et les loyers pratiquĂ©s  alors mĂȘme que les aides Ă  l’investissement renforcent la tension sur le foncier ».
L’incitation fiscale autour des plans et des comptes d’épargne logement est Ă©galement mise Ă  l’index. Leurs coĂ»ts reprĂ©sentent une dĂ©pense budgĂ©taire de 1,1 Md€ et une dĂ©pense fiscale de 0,5 Md€ pour un taux de transformation des dĂ©pĂŽts en prĂȘts au logement de seulement 5 %. La Cour reproche, enfin, le cumul entre les allocations logements par des Ă©tudiants et des demi-parts de quotient familial supplĂ©mentaires par leurs parents. 700 000 Ă©tudiants bĂ©nĂ©ficient d’aides au logement pour 1,2 Md€ et 80 % d’entre eux sont encore rattachĂ©s au foyer fiscal de leurs parents pour un surcoĂ»t de 1,1 Md€.
Le document complet de la Cour des Comptes : financespubliques2012