La loi vient pour la premiĂšre fois rĂ©glementer la refacturation par le bailleur au locataire, des charges relatives aux locaux louĂ©s et Ă lâimmeuble (parties communes) que le bailleur a acquittĂ©es.
DĂ©sormais, pour les contrats conclus ou renouvelĂ©s Ă compter du 1er septembre 2014, le bailleur est obligĂ© de faire dans le contrat de bail (ou en annexe), un inventaire prĂ©cis et limitatif des catĂ©gories de charges, impĂŽts, taxes et redevances liĂ©es Ă ce bail, avec indication de leur rĂ©partition entre lui-mĂȘme et son locataire (article L 145-40-2 nouveau du code de commerce).
De plus, en cours de bail, il devra systĂ©matiquement informer le locataire des charges, impĂŽts, taxes et redevances nouveaux, et ce a priori dĂšs quâil en aura connaissance.
En outre, et pour les contrats conclus ou renouvelĂ©s Ă compter du 5 novembre 2014, le bailleur ne peut plus refacturer au locataire les charges, impĂŽts, taxes, redevances et travaux listĂ©s Ă lâarticle R145-35 nouveau du Code de commerce, Ă savoir :
1/ les grosses rĂ©parations mentionnĂ©es Ă lâarticle 606 du Code Civil ainsi que les honoraires liĂ©s Ă leur rĂ©alisation,
2/ les travaux ayant pour objet de remĂ©dier Ă la vĂ©tustĂ© ou de mettre en conformitĂ© le local louĂ© ou lâimmeuble avec la rĂ©glementation, dĂšs lors quâils relĂšvent des grosses rĂ©parations de lâarticle 606 prĂ©citĂ©,
3/ les honoraires de gestion des loyers du local ou de lâimmeuble (mais le DĂ©cret ne mentionne pas par exemple les honoraires de gestion techniques, juridiques, administratifs qui seraient ainsi peut-ĂȘtre refacturablesâŠ),
4/ les impÎts, notamment la contribution économique territoriale, les taxes et redevances dont le redevable légal est le bailleur, et
5/Â dans un ensemble immobilier, les charges, impĂŽts, taxes, redevances, et travaux relatifs Ă des locaux vacants ou imputables Ă dâautres locataires.
Ainsi la loi Pinel marque-t-elle la fin du bail triple net ! En effet, les traditionnelles clauses balais oĂč tout est mis sans exception Ă la charge du locataire sont dĂ©sormais illĂ©gales.
A noter toutefois que peuvent toujours ĂȘtre imputĂ©es au locataire : la taxe fonciĂšre, la taxe sur les bureaux, la taxe sur le commerce, la taxe sur les entrepĂŽts â dont on sait le coĂ»t Ă©levĂ© en Ile-de-France â ainsi que les impĂŽts, taxes et redevances liĂ©s Ă lâusage du local ou de lâimmeuble ou Ă un service dont le locataire bĂ©nĂ©ficie.
Par ailleurs, pour les contrats conclus ou renouvelĂ©s Ă compter du 1er septembre 2014, lâarticle L 145-40-2 nouveau du Code de commerce impose au bailleur dâadresser au locataire un Ă©tat rĂ©capitulatif annuel incluant la liquidation et la rĂ©gularisation des comptes de charges, au plus tard le 30 septembre de lâannĂ©e suivant celle au titre de laquelle il est Ă©tabli, ou, pour les immeubles en copropriĂ©tĂ©, dans le dĂ©lai de trois mois Ă compter de la reddition des charges de copropriĂ©tĂ© sur lâexercice annuel.
A noter que la loi nâenvisage que le systĂšme du calcul des charges au rĂ©el, sans jamais Ă©voquer le systĂšme, encore parfois pratiquĂ©, du calcul des charges au forfait. Se pose donc la question de savoir sâil est encore possible de prĂ©voir un forfait de charges, et dans ce cadre, si lâobligation dâinformation posĂ©e par la loi sâapplique ou non.
De plus, lâarticle L 145-40-2 nouveau du Code de commerce oblige le bailleur a communiquer Ă son locataire lors de la conclusion du bail (le mieux est dâen faire une annexe au bail), puis dans le dĂ©lai de deux mois Ă compter de chaque Ă©chĂ©ance triennale, (i) un Ă©tat prĂ©visionnel des travaux quâil envisage de rĂ©aliser dans les trois annĂ©es Ă venir assorti du budget prĂ©visionnel, et (ii) un Ă©tat rĂ©capitulatif des travaux quâil a rĂ©alisĂ©s dans les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dentes prĂ©cisant leur coĂ»t.
Le texte ne prĂ©voit pas la sanction dâun dĂ©faut dâinformation. Il nous semble possible que la jurisprudence considĂšre dans les cas extrĂȘmes que ce qui nâa pas Ă©tĂ© indiquĂ© au locataire ne pourra pas ensuite lui ĂȘtre imputĂ©.
Etant prĂ©cisĂ© que le texte contient des dispositions spĂ©cifiques aux ensembles immobiliers comportant plusieurs locataires : ainsi, la rĂ©partition des charges et du coĂ»t des travaux doit ĂȘtre fonction de la surface exploitĂ©e (Ă lâexclusion donc de toute autre mĂ©thode de rĂ©partition ?), mais peut ĂȘtre contractuellement pondĂ©rĂ©e, et le contrat de location doit prĂ©ciser cette rĂ©partition â et cette pondĂ©ration â entre les locataires de lâensemble immobilier.
En dâautres termes, chaque locataire serait dĂ©sormais informĂ© de ce qui se pratique pour ses voisins, et serait en mesure dâapprĂ©cier que chacun est bien traitĂ© de la mĂȘme maniĂšre.