Le commerce reste l’actif le plus performant en 2010, avec un rendement global de 11%.
À l’occasion du prochain Siec le 15 et 16 juin prochain au Cnit – La Défense, le cabinet Jones Lang Lasalle décrypte les clés du marché des commerces à travers son étude baptisée Pulse.
En France on peut noter une divergence croissante entre l’indicateur de confiance des ménages et la consommation d’un côté et le solde conjoncturel du climat des affaires de l’autre. En effet, en mars la consommation des ménages a reculé de 0,7 % pour un solde positif de +1,2 % au 1er trimestre 2011 (+ 2,6 % sur un an). Les ventes automobiles ont certes reculé mais sur l’ensemble du trimestre le marché bénéficie encore d’un effet de traîne de la prime à la casse. Parallèlement, si l’indicateur de confiance des ménages reste stable en avril (83) il reste nettement en-deçà de la moyenne et long terme (100) sur l’ensemble de ses composantes (niveau de vie, chômage, inflation).
En avril 2011, l’indice des prix à la consommation (IPC) était en hausse de 0,3 %, après une augmentation de 0,8 % en mars. Sur un an, il s’est accru de 2,1 % (+2 % en mars). L’accroissement des prix provient notamment de l’augmentation des prix des produits manufacturés, mais aussi aux fortes hausses de prix des produits pétroliers et alimentaires. Aussi comme l’inflation augmente plus vite que les revenus, ceci risque d’affaiblir le pouvoir d’achat, et de ne pas renforcer la confiance des ménages.
Les enseignes : entre prudence et opportunisme
La reprise progressive de l’activité commerciale actée en 2010 se poursuit sur la même tendance en 2011. Les enseignes demeurent prudentes et se développent davantage au gré des opportunités. Les enseignes étrangères sont particulièrement actives et affichent pour certaines des stratégies ambitieuses de conquête du territoire : que ce soit pour une première implantation en France à l’instar de l’enseigne italienne de maquillage Kiko, de l’Allemand Jack Wolfskin, de l’Anglaise Karen Millen ou encore d’As Adventure, nouveau concept belge multimarque de sport, ou que ce soit dans une logique d’expansion comme par exemple Apple, Desigual, Fossil, Lavina ou encore Uniqlo, déjà implantées en France.
Du côté des enseignes françaises, il n’y a pas de redéploiement. Elles consolident les sites existants, améliorent voire retravaillent leur concept, et se repositionnent parfois sur de nouveaux sites en arbitrant les anciens. Dans la restauration les nouveaux concepts ont explosé de toute part, dans tous les sites commerciaux. Les concepts alimentaires de proximité poursuivent également leur expansion. Après Monop’, Carrefour City, U Express et autres Intermarché Express, c’est au groupe Auchan de lancer son nouveau concept urbain A 2 Pas.
Sans grande surprise, les emplacements n°1, les centres commerciaux et les retails parks bénéficiant de grandes zones de chalandise, et d’une localisation optimale sont les cibles privilégiées des enseignes, qui espèrent ainsi limiter les risques liés à une nouvelle ouverture. Les projets de restructuration, de rénovation et d’extension sont toujours nombreux, avec des échéances à plus ou moins long terme. Les incertitudes économiques ont continué à inciter les propriétaires de centres commerciaux et de galeries marchandes à favoriser ce type d’investissement. Aussi, par exemple, le centre commercial “Les Belles Feuilles”, situé dans le 16e arrondissement de Paris, vient d’être inauguré en mai à l’issue d’une rénovation complète. D’autres extensions/rénovations sont déjà planifiées comme celle de “Parly 2” prévue pour mi-2013, ou encore celle du “Forum des Halles” pour 2014, pour ne citer qu’elles.
Un certain nombre de projets neufs devrait voir également le jour cette année. Si l’heure est davantage aux projets de taille plus réduite, de nouvelles ouvertures d’envergure sont toutefois attendues à l’instar de l’inauguration remarquée du tout nouveau centre commercial “Le Millénaire”, situé aux portes de Paris, à Aubervilliers (56 000 m²), ou encore de “Lyon Confluence” qui ouvrira ses portes finalement en mars 2012 (53 000 m²). La caractéristique commune de ces projets est d’introduire aujourd’hui une certaine mixité en y intégrant à la fois des commerces et des loisirs, le tout situé dans un plus vaste projet d’aménagement urbain comprenant de l’hôtellerie, des logements et des bureaux ce qui maintient les loyers “prime” à un niveau élevé.
Les enseignes encore fragilisées par la crise négocient âprement leurs conditions locatives, profitant ainsi d’un rapport de force qui leur est encore favorable. Aussi, de manière générale, les bailleurs échaudés par la conjoncture économique et immobilière de ces dernières années, sont plus enclins aux négociations. Moins exigeants et plus souples, ils accordent plus facilement des mesures d’accompagnement, et n’hésitent plus à mettre en place des loyers progressifs pour les premières années.
Le commerce a toujours la cote auprès des investisseurs
D’après le dernier indice IPD sur la performance immobilière, le commerce reste l’actif le plus performant en 2010, avec un rendement global de 11 %, soit un peu mieux que le bureau et que le résidentiel. Les investisseurs ne s’y trompent pas. 2010 a été en effet une année particulièrement dynamique et riche en transactions significatives, avec plus de 2,8 milliards d’euros investis sur le marché des commerces en France (hors portefeuille Simon Ivanhoé acheté par Unibail/Rodamco). Or, le manque de produits de grande taille, observée depuis fin 2010, freine aujourd’hui les volumes transactés. Avec près de 370 millions d’euros investis au 1er trimestre, le marché de l’investissement en commerce a connu un net ralentissement, de l’ordre de 24 % par rapport à la même période l’année passée. Ces volumes restent toutefois supérieurs à ce que l’on a pu connaître en 2008 et 2009.
Pour en savoir plus : Document Complet de John Lang Lasalle – Commerce JLL mai 2011