Papin: « Système U joue dans la cour des grands »

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« La petite enseigne qui monte » dévoile ses ambitions : ouvrir 600 magasins d’ici à 2016. Le groupement, qui affiche un chiffre d’affaires de 15,22 milliards d’euros en 2010, gagne de nouveaux clients. Malgré la pression sur les prix, les commerçants indépendants se sentent pousser des ailes. Serge Papin, président de Système U, explique ses projets au JDD.

Vous venez de signer l’acquisition de Telemarket, et l’intégration des nouveaux franchisés issus de Coop Atlantique. 2011, année faste?
Système U joue dans la cour des grands. À la fin de l’année, le groupement affichera 10% de parts de marché. Nous entrons dans le club très fermé aux côtés de Leclerc, Carrefour, Intermarché, Auchan… Dans cinq ans, l’ambition est d’atteindre la troisième place du podium avec 12% du marché français. Il faudra ouvrir 600 magasins pour atteindre un total de 2.000 points de vente. Nous miserons sur le supermarché de proximité. Les hypers de plus de 10.000 m2 ne correspondent plus au mode de vie actuel.

Pourquoi avoir racheté Telemarket.fr, un site déficitaire depuis sa création?
U-Telemarket –son nouveau nom– nous ouvre le marché parisien. Lundi, les produits à marque U seront disponibles en ligne. À la rentrée, l’offre passera de 6.500 références à 10.000 à des tarifs plus compétitifs. Si l’expérience réussit, nous ouvrirons à Lille, Marseille ou Bordeaux. Objectif : un site bénéficiaire en 2012.«85% de nos produits sont fabriqués par des entreprises locales.»

Le Net, un nouvel allié?
Internet est complémentaire. Les magasins U ont ouvert 350 drive, qui permettent aux consommateurs de commander sur Internet et de charger les marchandises en magasin. Le nombre de commandes devrait doubler dans l’année pour frôler le million. Sur le Net, on achète les produits lourds. En magasin, c’est le shopping plaisir : choisir une bonne bouteille, écouter les conseils d’un vrai poissonnier…

Avec le retour de l’inflation, les distributeurs sont accusés de préserver leur marge au détriment des consommateurs.
Quelle rengaine… Selon le cabinet Iri Group, les prix dans l’alimentaire chez Système U ont baissé 0,02% entre avril 2010 et avril 2011. C’est à comparer avec une inflation globale de 0,7%. Nos acheteurs sont restés fermes durant les négociations avec les industriels. Grâce à sa croissance, Système U est un acteur incontournable. Malgré tous ces efforts, les Français doivent s’attendre à des hausses d’environ 2% dans les mois à venir en raison de l’inflation des matières premières agricoles.

Qui pousse les portes de vos magasins?
Certains consommateurs quittent Carrefour Market. D’autres se détournent des hard discount Aldi, Ed, et Leader Price. Nos atouts : les produits U et un choix plus large.

Est-ce dû au modèle coopératif ?
Oui. La coopération impose de se concentrer sur les clients sans se disperser dans des stratégies financières. Chaque propriétaire de magasin U est ancré dans sa région. Il est proche des habitants et des PME ; 85% des produits U sont fabriqués par des entreprises locales. Avec des précautions draconiennes : allégement des emballages, suppression progressive de l’huile de palme, des parabens… Cette année, 2.000 personnes supplémentaires seront recrutées. Certaines pourront bénéficier de formations et du fonds Expan U pour s’installer. Notre stratégie, c’est distribution et redistribution. Il faut que le commerce profite à tous. Pour plus d’efficacité, je milite pour la création d’un vaste ministère qui réunirait l’agriculture, l’industrie, le commerce et les consommateurs.