Pour un peu, on oublierait la crise. La presse immobilière de mars n’est que bulles : les plus pessimistes brandissent le danger d’un emballement sur le marché résidentiel (Investir, 26 mars) ou d’une baisse des rendements tertiaires sur les segments prime (Le Monde, 11 mars) tandis que les plus optimistes préfèrent insister sur la collecte historique de la pierre-papier (Challenges, 3 mars) ou le potentiel de valorisation des foncières (La Tribune, 9 mars)… soit les mêmes sujets que ceux qui avaient cours avant 2007.
Ce n’est pas que le contexte n’a pas changé : alors qu’avant la crise on venait à l’immobilier par surcroît de liquidités disponibles, on y vient à présent par aversion au risque. Alors qu’auparavant les investisseurs venaient capter dans la pierre l’inflation des actifs réels, ils viennent maintenant s’y protéger d’une inflation future. Les arbres ne montent plus jusqu’au ciel, mais on peut s’y accrocher. Du coup, on en arrive à ce paradoxe : « En privilégiant la sécurité, les investisseurs pourraient fabriquer les conditions d’une nouvelle bulle » (Le Point, 3 mars).
Un signe de santé qui ne trompe pas : la Commission européenne et la BCE se proposent d’intervenir. La première en dénonçant le caractère illégal des dispositifs d’incitation fiscale à l’investissement locatif (La Tribune, 15 mars, Les Échos, 31 mars), la seconde en pénalisant les crédits immobiliers trop faciles (Les Échos, 30 mars). Professionnels et observateurs guettent la hausse des taux qui, accompagnée ou non d’une poussée inflationniste, recomposerait l’équation des investisseurs immobiliers.
Auteur : Daniel WHILE, IEIF.