Rejoindre une enseigne implique le plus souvent de payer un droit dâentrĂ©e, pour jouir de son nom et exploiter son savoir-faire. Pourquoi ? Combien ? Et quels services le franchisĂ© peut-il vraiment attendre en retour ?
AppelĂ©e aussi redevance initiale forfaitaire (RIF), le droit dâentrĂ©e est le montant quâun candidat doit verser Ă une enseigne pour intĂ©grer son rĂ©seau. Il est fonction de la notoriĂ©tĂ© de la marque visĂ©e, mais aussi des services apportĂ©s par le franchiseur Ă son nouvel adhĂ©rent. Et quasiment incontournable en franchise, les formules avoisinantes (concession, commission-affiliation, licence de marque âŠ) se rĂ©vĂ©lant elles, en revanche, plus souples Ă cet Ă©gard.
Selon lâenquĂȘte menĂ©e dĂ©but 2011 par Franchise Magazine, 448 des 507 enseignes sâaffichant en phase de recrutement prĂ©lĂšvent un droit dâentrĂ©e. Cela reprĂ©sente 88 % dâentre elles. Logique, selon lâavocat Jean-Baptiste Gouache, qui rappelle quâoutre lâachat dâun nom et la transmission dâun savoir-faire, la RIF doit aussi couvrir « tous les coĂ»ts que le franchiseur aura exposĂ© pour de doter des outils de la franchise : concept magasin, manuel opĂ©ratoire, document dâinformation prĂ©contractuel (DIP), modĂšle de contrat, supports de recrutement, dĂ©veloppeurs, etc. »
Ce droit dâentrĂ©e sâĂ©tablit en moyenne Ă 17 150 euros. Un montant jugĂ© « raisonnable » par les experts. Toutefois, plusieurs rĂ©seaux sâen Ă©cartent. PrĂšs dâun tiers dâentre eux demandent ainsi moins de 10 000 âŹ. Un montant trop bas pour ĂȘtre honnĂȘte ? Pas forcĂ©ment⊠Dâabord parce quâun franchiseur peut se rĂ©munĂ©rer ailleurs : sur ses marges produits ou grĂące Ă des royalties plus Ă©levĂ©es, par exemple. Encore faut-il quâil se montre, alors, trĂšs transparent sur ce point. « Attention au cadeau empoisonné », prĂ©vient Olga Romulus (Fiducial).
Et puis, il y a le cas des jeunes enseignes. Souvent, on le sait, celles-ci dĂ©marrent avec un droit dâentrĂ©e peu Ă©levĂ©, conscientes, explique lâexpert-comptable, « que leurs premiers franchisĂ©s vont essuyer les plĂątres et prennent un risque ». Quitte Ă lâaugmenter plus tard, quand leur concept devient plus consistant et leur marque plus vendeuse.
Dâun extrĂȘme Ă lâautre, une douzaine dâenseignes rĂ©clame 50 000 ⏠ou plus de redevance initiale forfaitaire. Une maniĂšre pour les franchiseurs dâĂ©carter dâemblĂ©e les candidats qui nâauraient pas les reins assez solides, mais pas seulement.
« Dans la restauration, par exemple, la tĂȘte de rĂ©seau apporte souvent beaucoup plus que son simple concept : son savoir-faire immobilier pour trouver et nĂ©gocier le bon local, une formation et une assistance Ă lâouverture soutenues… Il est dĂšs lors normal que le droit dâentrĂ©e y soit Ă©levé », remarque Jean-Baptiste Gouache.
Et lâavocat insiste : « Un droit dâentrĂ©e nâest jamais cher en soi. Il est cher si les services offerts en Ă©change ou la rentabilitĂ© du concept sont insuffisants ».
DâoĂč lâimportance dâenquĂȘter de maniĂšre poussĂ©e auprĂšs de lâenseigne quant Ă ce quâelle propose. Le contrat de franchise doit normalement causer le droit dâentrĂ©e, c’est-Ă -dire en lister prĂ©cisĂ©ment les contreparties. Sâil nâest pas clair Ă ce sujet, des explications doivent ĂȘtre demandĂ©es.
Meilleur indicateur encore, celui de la satisfaction des franchisĂ©s du rĂ©seau dĂ©jĂ installĂ©s (leurs coordonnĂ©es doivent figurer dans le DIP) : lâaccompagnement dont ils bĂ©nĂ©ficient et leur rĂ©ussite Ă©conomique sont-ils Ă la hauteur du montant investi ?
Inutile, en revanche, dâessayer de nĂ©gocier son droit dâentrĂ©e. Dans une grande majoritĂ© des cas, il a Ă©tĂ© calculĂ© par des spĂ©cialistes, sur la base de critĂšres sĂ©rieux et rĂ©flĂ©chis. Et comme le rappelle Jean-Baptiste Gouache, « la franchise est un contrat dâadhĂ©sion. On nâen discute pas les modalitĂ©s financiĂšres ; on les accepte ou pas ».
Auteur : Olivia Leroux, Franchise-Magazine